Le plus beau tempérament dramatique d’après-guerre.
Jean Cocteau
Mademoiselle Girardot,Nos mères de province vous considéraient comme l’une des leurs. Vous, l’anti-star popu par excellence. La numéro 1 bleu, banc, rouge des seventies. Bille de clown à la Giuletta Massina ; sensibilité à fleur de gouaille digne de la môme Piaf. Débit mitraillette d’une grande gueule, la clope au bec et, parfois, le flingue à la main.
Vous demeurerez à jamais étoilée dans le panthéon du septième art avec ce plan déchirant où le personnage de Nadia réalise ses sentiments pour Alain Delon dans Rocco et ses frères de Luchino Visconti. Métamorphose de l’innamoramento en conscience de l’amour parmi les flèches de la cathédrale de Milan. Jamais le cinéma ne pourra non plus oublier la gourmande Sabine de Dillinger est mort de Marco Ferreri, ni la mère castratrice d’Erika dans La Pianiste de Michael Haneke.
La Nadia de Rocco et ses frères – Luchino Visconti (1960)
Mademoiselle Annie, sac de rires et de larmes trop souvent secoué par l’existence, perd-on la tête d’avoir trop vibré ?… Hier, la vôtre s’est enfoncée dans la brume. Aujourd’hui, votre corps a lâché. Mais comme vous le confiez dans Ainsi va la vie, le documentaire sur votre fin de mémoire signé Nicolas Baulieu : « Les moments de bonheur, vous savez, c’est le coeur que ça concerne, ce n’est pas le cerveau. Les films que j’ai tournés, les hommes que j’ai aimés, c’est la belle histoire de ma vie. Sauf que maintenant, vous la connaissez mieux que moi. Mes enfants, mes amis, je vous aime et je vous quitte un peu. Mais s’il y a une chose qui ne disparaîtra jamais, c’est la chaleur de votre amour. Merci. ».
Il paraît qu’en France tout commence et se termine en chansons. Alors, j’ai désiré entendre votre voix dans Absence prolongée, « pérititre » de Mourir d’aimer. La mélodie, fantôme des shows de Maritie et Gilbert Carpentier, débute gonflée d’espoir et se referme sur le vide d’un feu de paille. En un rien de temps, le saut à l’élastique des émotions opposées : votre marque de fabrique.
Bravo Mademoiselle Girardot.
10 Ils ont dit
Mmmouais! C’est un peu le cinéma de papa tout ça.. Mais bon, pour avoir causer avec toi, je sais que tu aimes quand même le cinéma que l’on fait aujourd’hui.
Sans rancune.
Quel hommage magnifique Benoit, et bien j’y suis allée de ma petite larme, tiens, encore une de plus!!!
Benoit
superbe hommage , elle le valait bien Elle avec un grand E
Bises
ML
C’est si bien écrit que l’on croirait que tu l’as connue !
Et le choix des photos ; toujours aussi pro !
T’embrasse fort.
Style qui touche toujours son but, fouailler le coeur et en sortir le meilleur. C’est vrai que nous l’aimions bien mais ton article nous la fait regretter encore plus. Bisous
Annie nous a fait rire ,nous a fait pleurer,on a tremblé pour pour elle quand elle s’approchait trop prét du précipice.Je pense à Julia qui est née la méme année que moi et ses enfants.Merci madame pour votre talent,votre regard franc sur la vie.Je garde de vous notre rencontre lointaine dans un avion ou nous avons bavardé avec ce « tu » qui nous donnait cette proximité que nous retrouvions quand nous venions vous voir au théatre ou au cinéma.Reposez en paix.
Cher Benoît,
Tu écris toujours aussi bien !!
Cela me fait penser à Cocteau…Tu as une sensibilité semblable à la sienne …
En tous cas tu es aussi inclassable que lui !!
Andréa m’avait parlé de ton blog il y a un moment déjà, et puis, je ne sais pas pourquoi, ce soir, j’ai eu envie d’aller voir…
Je partage ton amour pour Annie Girardot !! pour moi elle était « l’édith Piaf » du cinéma…
Cette Gouaille !!!
on pourrait penser plein de fois qu’elle « sur-joue ». Mais en réalité , tout passe toujours en douceur… c’est vrai que chacune se retrouvait en elle…
j’ai trouvé par hazard sur youtube un hommage fait par quelqu’un qui m’a bouleversé.
je voudrais le partager avec toi :
http://www.youtube.com/watch?v=47rvqj0BlLY&playnext=1&list=PLC2625C9C51BA9383
c’est : annie girardo – a tribute to the french cinema.
j’espère que tu vas aimer…
Guillaume Boutin
grboutin@free.fr
Quelle émotion ton texte et cette chanson un peu kitch me la fait regretter encore plus.
Bravo à toi aussi
C’est magnifique ce que tu écris sur cette grande dame mais ça fout un peu le cafard d’entendre sa voix sur cet enregistrement… Cela nous rappelle que nous devrons tous y passer, à cette absence prolongée !
Salut la grande Annie !